Le compostage, une solution pour réduire la poubelle

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Habitantes qui gèrent un compostage collectif, au pied de l’immeuble dans lequel elles vivent à Moutiers-les-Mauxfaits.

Le 1er janvier prochain, tous les ménages français devront disposer d’une solution de tri des déchets biodégradables, pour les transformer en compost. Composter, oui, mais composter bien ! Alors, comment fait-on en Vendée ?

“C’est de l’or vert ! Non, plutôt de l’or marron”, plaisante Ilana en parlant de son compost. Habitante de La Roche-sur-Yon, Ilana en est convaincue : le compostage, c’est facile, bon pour la planète et le porte-monnaie. Trivalis, le syndicat départemental qui gère le traitement des déchets en Vendée, estime que les ordures ménagères contiennent 34,4 % de déchets biodégradables. Alors que l’agglomération yonnaise applique une redevance incitative depuis 2009, Ilana a trouvé là une solution pour faire baisser le poids et le volume de ses poubelles, et produire de l’engrais pour ses fleurs. Oui, mais… tout le monde n’a pas forcément la possibilité d’installer un composteur à domicile.

À partir du 1er janvier 2024, les collectivités en charge de la collecte des déchets devront permettre à tous les foyers français de disposer d’une solution de tri des biodéchets, dans le cadre de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec). Pour les Vendéens et les Vendéennes, plusieurs solutions existent déjà :

→ le compostage individuel, en faisant un tas ou en installant un composteur dans son jardin ou un lombricomposteur dans sa cuisine (ou son balcon). Plus de 130 000 composteurs individuels ont été déployés par les collectivités en Vendée depuis 2003, notamment grâce à des aides à l’achat ;

→ le compostage collectif, qui permet de réunir les biodéchets de plusieurs foyers soit dans un composteur de quartier, soit sur une plateforme de compostage

La Vendée, pionnière du compostage collectif

La Vendée est pionnière en matière de compostage collectif : la plateforme de Saint-Philbert-de-Bouaine, née en 2002, était la première en France. Aujourd’hui, il existe trois autres plateformes : à Dompierre-sur-Yon, à Grosbreuil et aux Clouzeaux. “Nous observons une plus forte affluence ces deux dernières années, mais on ne peut pas encore dire si c’est lié à un engouement pour le compost, remarque Annick Cuman, présidente de l’association Compostons ensemble qui gère la plateforme de Grosbreuil. C’est surtout concomitant à des efforts de communication de notre part, et à la période du Covid où les gens n’avaient plus de solutions, pour les déchets verts par exemple.”

À Grosbreuil, la plateforme implantée sur une parcelle de 1800m2 mise à disposition par la commune compte 233 foyers adhérents, dont plus d’une centaine d’actifs au sein de l’association. Car tout, ou presque, est géré par des bénévoles : les permanences d’ouverture du samedi matin, le retournement du compost, la gestion administrative, la communication, les événements et visites, etc. “Le compostage collectif, par les citoyens, c’est une façon d’impliquer tout le monde pour changer les pratiques. Mais le compost, ça doit être bien fait, avec des maîtres composteurs formés, sinon il peut y avoir un risque sanitaire”, rappelle Annick Cuman.

Au-delà des plateformes, du compostage collectif se développe aussi en Vendée, en pied d’immeuble ; soit grâce à plusieurs composteurs associés, soit grâce à un pavillon de compostage. Ces équipements permettent la valorisation des biodéchets des habitants du quartier et la valorisation des biodéchets au plus près de leur production

L’art du compost

Le compost, c’est tout un art ! En effet, si la décomposition des biodéchets est naturelle, avec l’aide d’organismes vivants, tout est question d’équilibre. Au sein des associations qui gèrent les sites de compostage, la communication est essentielle pour que les apports respectent quelques règles de base : oui aux restes de repas, au marc de café et feuilles de thé, à l’essuie-tout non imprimé ou aux coquilles d’œuf. Mais non aux plastiques, à la litière du chat ou aux ficelles.

Et la règle vaut à la maison… “Au début, j’ai eu quelques incertitudes, se souvient Ilana. J’étais persuadée de ne pas pouvoir composter d’agrumes alors que c’est possible en petits morceaux. Et puis il y a eu des moucherons. Mais j’ai appris que c’était à cause des aliments sucrés qui n’étaient pas recouverts. Donc j’ai fait attention.” Après quelques tâtonnements, elle a réussi à comprendre comment fonctionne son composteur, et tout est rentré dans l’ordre.

Même s’il est pratiqué depuis la nuit des temps, le compostage souffre de quelques idées reçues, notamment sur les odeurs et le fait d’attirer des insectes. Pourtant, s’il est bien équilibré, un composteur ne produit aucune nuisance. Pour aider à s’y mettre, des communautés de communes, comme Vendée Grand Littoral, proposent des ateliers d’initiation. Et chaque année, l’événement printanier Tous au compost fédère autour du sujet. “J’ai la conviction qu’une personne avec son petit seau de biodéchets peut en convaincre 10 autres”, assure Annick Cuman. Alors, bientôt toutes et tous adeptes du compost ?

🎥 Dans cette vidéo, Trivalis partage des conseils pour l’installation d’un composteur individuel :
voir la vidéo.


Comment bien composter à la maison ?
Respecter les règles d’apport : uniquement des biodéchets en petits morceaux (5 cm maximum).
Veiller à l’équilibre des apports : gare à l’indigestion du composteur ! En déposant une très grande quantité de déchets verts ou 5 kg d’orange, par exemple, le compost risque d’être éséquilibré et la décomposition sera plus difficile
Veiller à l’humidité : un compost trop sec ou trop humide peut attirer les moucherons, par exemple. Il est possible de l’arroser un peu, ou au contraire, de lui apporter de la matière sèche : boîte d’œuf (sans étiquette imprimée !), carton sans encre, feuilles mortes, etc.
Retourner régulièrement le compost : tous les 15 jours à trois semaines, il faut aérer le compost en le retournant sur quelques centimètres d’épaisseur.