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Au Tablier, la preuve qu’autopartage et ruralité font bon ménage !

Pour pallier l’absence de transport public sur la commune rurale du Tablier, un service d’autopartage a été mis en place. Après deux ans de test, l’expérience est un succès et va continuer.

C’est une petite voiture électrique qui sillonne les routes vendéennes… avec plusieurs conducteurs et conductrices ! Depuis avril 2022, les habitants du Tablier et des villages limitrophes ont un accès gratuit à une voiture en autopartage : “Ma fille l’appelle ‘la voiture de la ville’”, plaisante Adrien Dogon, un utilisateur convaincu. Habituellement déployé dans les grandes villes, l’autopartage est un principe assez simple : c’est un service qui permet aux personnes abonnées l’accès à un véhicule stationné sur l’espace public, sans en être propriétaires. Près de deux ans après son lancement, la voiture du Tablier roule environ 3000 kilomètres chaque mois. Elle fait deux à quatre trajets par jour et compte une vingtaine d’utilisateurs réguliers. Autrement dit, pour une commune d’environ 750 habitants, l’expérience a porté ses fruits.

 Moins de véhicules par foyer avec l’autopartage

Les études estiment qu’une voiture en autopartage en ville remplace cinq à huit voitures personnelles et libère jusqu’à trois places de stationnement en voirie. Mais dans cette commune rurale située à 15 kilomètres au sud de La Roche-sur-Yon, ce n’est pas l’espace de stationnement qui a motivé le projet. “Le Tablier est la seule commune de l’agglomération qui n’est pas desservie par une ligne de bus, il y avait un enjeu fort autour de la mobilité”, rappelle Guillaume Bardin, chargé de mission mobilité durable pour le SYDEV, un des partenaires du projet. Un isolement qui fait de la voiture un indispensable au quotidien, et qui cristallisait des revendications. “Je faisais partie des personnes qui demandaient le passage d’un bus, se souvient Adrien Dogon, et honnêtement on était frustré de voir que ce projet ne prenait pas en compte cette demande”.

En effet, une voiture partagée ne convient pas aux personnes qui ne conduisent pas ou plus, ni aux jeunes conducteurs, puisqu’il faut être titulaire d’au moins 5 ans du permis. “On savait qu’on ne répondait pas à toutes les attentes. En se lançant, on s’est donné pour objectif de traiter une problématique : limiter le besoin d’un deuxième véhicule pour les foyers”, explique Guillaume Bardin.

L’autopartage : économique et écologique

Ce projet a su fédérer les utilisateurs, notamment grâce à l’intervention d’une association locale « les Rendez-vous de la grange« , qui se charge de l’animation culturelle de la commune : “Porter ce projet sur la commune, ça veut dire communiquer, recueillir les inscriptions, animer le groupe, faire remonter les problèmes aux partenaires…

“Et puis, nous avons écrit une charte des utilisateurs ensemble”, explique Laurence Bollengier-Stragier, présidente de l’association. Car, une des particularités de l’expérimentation d’autopartage du Tablier, c’est qu’elle est co-construite avec les habitants. 

“On a fabriqué notre solution avec un agenda en ligne et une boîte à clés, explique Guillaume Bardin. C’est une solution à moindre coût qui crée aussi quelque chose de très difficile à quantifier : du lien social.” Désormais, les utilisateurs sont autonomes et ont même créé un groupe sur une messagerie instantanée pour faciliter les échanges entre eux.

Au fil du temps, l’installation de ce service d’autopartage a réellement modifié les usages. Le foyer d’Adrien Dogon, par exemple, a pu se passer de sa seconde voiture et est devenu adepte de la multi-modalité : “Avec ma femme, nous avons une voiture, un vélo électrique et nous sommes utilisateurs réguliers de la voiture partagée. Au moment du lancement du projet, nous réfléchissions à n’avoir qu’une seule voiture, avant tout pour des questions écologiques, mais avec nos horaires décalés de travail ça semblait compliqué. Finalement, l’autopartage répond très bien à nos besoins.”

Selon « Les rendez-vous de la grange », qui dresse des bilans de l’opération, la voiture partagée a permis à au moins un autre foyer de se séparer de son second véhicule pour des raisons économiques, et à bien d’autres de limiter l’usage de cette deuxième voiture : une façon de prolonger sa durée de vie et de limiter les investissements coûteux.

Un service d’autopartage pérennisé

Alors, tout a fonctionné comme sur des roulettes ? “Bien sûr, il y a eu des couacs avec l’agenda, ou des personnes qui ont oublié de mettre la voiture à charger, concède Adrien Dogon, mais c’est très marginal.” Si l’expérience avec la voiture partagée est une réussite, le projet du vélo électrique partagé a moins convaincu. Très peu utilisé, il a finalement été retiré au bout de quelques mois. “Le covoiturage, ça n’a pas vraiment pris, même en incitant les personnes à renseigner leur trajet et leur numéro de téléphone sur l’agenda”, reconnaît Laurence Bollengier-Stragier.

Après deux ans de test, le service sera maintenu : l’agglomération de La Roche-sur-Yon a ajouté ce service à son offre de transports. Le service d’autopartage va devenir payant, et devrait perdre la touche associative et artisanale qui fait sa particularité. Si les utilisateurs sont motivés pour payer leur abonnement, ils seront “peut-être moins disposés à accepter les aléas », évoque Guillaume Bardin.

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Un projet multi-partenarial

Il ne suffit pas de garer une voiture sur la place du village pour faire fonctionner un projet d’autopartage ! Au Tablier, plusieurs partenaires se sont mis autour de la table : la RATP, le concessionnaire des transports de l’agglo, met à disposition la voiture, la boîte à clés et gère leur entretien ; le SYDEV met à disposition la borne de recharge et se charge de son entretien ; la commune du Tablier met à disposition une place de stationnement réservée ; l’agglomération a installé un box sécurisé pour les vélos à côté de la voiture ; enfin, les Rendez-vous de la grange ont assuré la cohésion autour du projet.

 

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