La voiture électrique est-elle vraiment avantageuse ? Réponse avec trois Vendéens

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Conducteur dans une voiture

Difficile de se passer de voiture dans un territoire comme la Vendée. Entre coûts et écologie, comment faire le bon choix de modèle : électrique, hybride ou thermique ? Éléments de réponse, avec trois Vendéens et Vendéennes qui souhaitent changer de voiture.

Face à la crise environnementale que nous connaissons actuellement, la voiture est un sujet de taille : en effet, les véhicules thermiques représentent 54 % des émissions de gaz à effet de serre liées au transport en France. C’est donc un levier qui peut faire changer les choses.

Les constructeurs automobiles ne s’y trompent pas, et mettent ces dernières années l’accent sur leurs modèles de voitures électriques ou hybrides. En 2023, leurs ventes ont atteint 26 % des nouvelles immatriculations en France. Au total, ce sont plus d’1,5 million de ces véhicules qui circulent dans l’hexagone, selon l’Avere, l’association de développement de la mobilité électrique. En Vendée, on en recensait près de 4800 en 2022, contre 1300 en 2018.

Les voitures électriques ont une meilleure empreinte écologique

Plus onéreux à l’achat (pas moins de 21 000 € pour un modèle neuf d’entrée de gamme), les véhicules électriques ou hybrides ont ensuite des atouts de taille : ils sont nettement moins coûteux d’utilisation (énergie, entretien, assurance…) sur la durée de vie du véhicule.

Quant au coût écologique, celui d’une voiture électrique devient meilleur que celui d’une voiture thermique au bout de 30 à 40 000 km parcourus, selon Carbone 4, un cabinet de conseil spécialisé dans la stratégie bas carbone. C’est plutôt rapide, quand on sait qu’une voiture peut rouler jusqu’à 200 000 km ! En effet, les émissions de GES d’une voiture électrique sont concentrées lors de sa production et sa destruction, quand une voiture thermique en émettra tout au long de sa longue vie.

Oui, mais… Si la voiture électrique semble satisfaire les enjeux écologiques actuels – et encore davantage si la production d’énergie du pays de circulation est renouvelable -, le choix d’un véhicule tient aussi des usages et du budget que l’on peut, ou que l’on veut lui consacrer. Sur le site “Je change ma voiture” porté par le ministère de la Transition écologique, un comparateur permet d’évaluer quel véhicule est le plus adapté à chaque situation.

Comment comparer le coût d’une voiture thermique et d’une voiture électrique ?

Nous avons utilisé le comparateur* pour répondre aux besoins de trois Vendéens et Vendéennes qui ont pour projet de changer de voiture. Il confronte plusieurs éléments :

  • les émissions de CO2* (hors production et destruction)
  • le coût d’usage annuel du véhicule (les frais de carburant ou de recharge)
  • le coût total de possession annuel. Ce calcul prend en compte l’ensemble des coûts directs et indirects liés à ce véhicule, chaque année : prix d’achat, assurance, réparations, entretien et lavage, péages, contraventions, carburant… En gros, il estime combien coûte le véhicule chaque année, sur toute sa durée de vie.

Le coût total de possession permet donc d’estimer combien coûte une voiture lorsqu’on lisse les frais : un modèle électrique demandera un investissement important à l’achat et générera peu de frais à l’utilisation, alors qu’un modèle thermique coûtera moins cher à l’achat et générera plus de frais tout au long de sa vie. Malgré l’investissement de départ, il arrive que ce coût total soit finalement moins élevé pour un modèle électrique !

*Pour les émissions de C02 : elles sont données du réservoir à la roue, à partir de l’estimation de la consommation moyenne de carburant du véhicule. Elles sont données à titre indicatif et peuvent varier en fonction des conditions réelles d’utilisation ou du style de conduite.Elles sont à distinguer des émissions de CO2 mesurées lors de l’homologation du véhicule, qui ne prennent pas en compte l’usage réel renseigné.

Elisabeth, habitante de La Roche-sur-Yon

Elisabeth vit et travaille à La Roche-sur-Yon. Comme environ 70 % des Vendéens et Vendéennes, elle a l’habitude de parcourir le court trajet jusqu’à son bureau en voiture. Elle est propriétaire d’une citadine (moteur essence) de 2010 qu’elle souhaite changer. Elle réfléchit aussi à l’acquisition d’un vélo électrique pour circuler en ville.

Au quotidien, sa voiture lui est aussi utile pour rendre visite à sa famille dans le département. Pour les longs trajets, Elisabeth privilégie le train. C’est très simple, puisqu’elle vit à deux pas de la gare !

→ Environ 5000 km parcourus par an

Le calculateur estime sa consommation de carburant à 970 € par an. Sa voiture émet 170 g de CO2 par km, soit 850 kg par an. Dans le cas d’Elisabeth, le comparateur du Ministère estime qu’un véhicule électrique sera bien plus économique en énergie (- 830 € par an), mais plus onéreux qu’un véhicule hybride ou thermique sur l’ensemble de la durée de vie du véhicule (coût total de possession), compte tenu du prix d’achat élevé et du peu de kilomètres parcourus. Pour un prix d’achat proche de l’électrique, un véhicule hybride ne sera pas particulièrement avantageux : son coût total de possession est très proche de l’électrique, tout en restant polluant.

Les émissions de CO2 sont estimées à partir de la consommation moyenne du véhicule (hors production et destruction). Le Coût total de possession prend en compte l’ensemble des coûts directs et indirects liés à ce véhicule, chaque année : prix d’achat et de revente, assurance, réparations, carburant…

Quelles options complémentaires pour Elisabeth ?

Elisabeth peut se tourner vers le vélo ou les transports en commun pour les trajets domicile-travail. C’est jusqu’à 1 140 km, soit 185 kg de CO2 évités en vélo électrique. Si elle télétravaille un jour par semaine, Elisabeth évite l’émission de 116 kg de CO2 par an par rapport à l’usage de la voiture

Données : Ademe

Côté coût, avec son véhicule actuel, Elisabeth dépense environ 2,7 € par aller-retour au travail (coût total de possession). Un vélo électrique acheté 1 500 € sera rentabilisé en deux ans et demi, tout en émettant 28 kg de CO2 sur cette période.

Données : Bon Pote

Pour les trajets ponctuels dans le département, Elisabeth peut profiter de l’offre de transport en commun départemental ou régional : un trajet en autocar de 25 km représentera 0,7 kg de CO2, contre plus de 4 kg avec son véhicule actuel. Elle peut aussi bénéficier d’une voiture déjà en circulation, via le covoiturage ou la location d’une voiture électrique entre particuliers.

Loïc, habitant de Saint-Prouant

Comme 6 salariés sur 10 en Vendée, Loïc fait la navette entre zone rurale et zone urbaine : faute de transport en commun, il se déplace cinq fois par semaine à Fontenay-le-Comte pour aller travailler, à une quarantaine de kilomètres de son domicile. Il en profite généralement pour faire les courses. Père de deux enfants, il utilise sa voiture pour les emmener à leurs activités extra-scolaires (environ 40 km par semaine). Il roule en voiture familiale (moteur diesel) de 2015, qui emmène toute la famille en vacances deux fois par an.

→ environ 25 000 km parcourus par an

Le calculateur estime sa consommation de carburant à 4 550 € par an environ. Sa voiture émet 185 g de CO2 par km, soit 4,6 tonnes par an. Dans le cas de Loïc, le comparateur du Ministère estime qu’un véhicule électrique sera bien plus économique en énergie (- 3 640 € par an), et bien moins coûteux sur l’ensemble de la durée de vie du véhicule, compte tenu de la consommation actuelle de son véhicule et du nombre de kilomètres parcourus.

Les émissions de CO2 sont estimées à partir de la consommation moyenne du véhicule (hors production et destruction). Le Coût total de possession prend en compte l’ensemble des coûts directs et indirects liés à ce véhicule, chaque année : prix d’achat et de revente, assurance, réparations, carburant…

Quelles options complémentaires pour Loïc ?

S’il en a la possibilité, Loïc peut opter pour le télétravail un jour par semaine. Il économiserait ainsi 3 760 km et éviterait l’émission de 607 kg de CO2 par an. Au quotidien, il peut aussi chercher une solution de covoiturage, et ainsi réduire les frais.

Données : Ademe

Côté coûts, avec son véhicule actuel, Loïc dépense plus de 26 € par jour pour son aller-retour au travail (coût total de possession). Avec un véhicule électrique, il est estimé à 12 € par jour.

Données : Bon Pote

Richard, habitant des Sables d’Olonne

Résident du centre-ville, Richard fait sa vie quotidienne à pied ou à vélo : courses, loisirs, rendez-vous médicaux… Il se rend au travail en voiture à une dizaine de kilomètres quatre jours par semaine. Le cinquième jour, Richard fait du télétravail. Il conduit un SUV de 2018 (moteur diesel) qu’il apprécie pour son confort pour les longs trajets, notamment pour les vacances, une à deux fois par an.

→ 10 000 km parcourus par an

Le calculateur estime sa consommation de carburant à 1 560 € par an environ. Sa voiture émet 158 g de CO2 par km, soit plus d’1,5 tonne par an. Dans le cas de Richard, le comparateur du Ministère estime qu’un véhicule électrique sera plus économique en énergie (- 1 200 € par an), et légèrement moins coûteux qu’un hybride ou un diesel sur l’ensemble de la durée de vie du véhicule (coût total de possession), compte tenu de son kilométrage annuel.

Les émissions de CO2 sont estimées à partir de la consommation moyenne du véhicule (hors production et destruction). Le Coût total de possession prend en compte l’ensemble des coûts directs et indirects liés à ce véhicule, chaque année : prix d’achat et de revente, assurance, réparations, carburant…

Quelles options complémentaires pour Richard ?

Au quotidien, certains de ses trajets domicile-travail peuvent être covoiturés. Et si Richard enfourche le vélo électrique qu’il utilise déjà au quotidien jusqu’au travail la moitié de l’année, il peut parcourir environ 1 800 km et éviter l’émission d’environ 380 kg de CO2.

Pour les vacances, le train peut être une solution plus écologique : 2 500 km en voiture représentent 470 kg de CO2, contre 7 kg en TGV.

Données : Ademe

Côté coûts, Richard peut se tourner vers un modèle confortable mais moins lourd, donc moins énergivore et moins coûteux – une recommandation valable pour les modèles hybrides ou électriques ! Avec son véhicule actuel, un trajet aller-retour au travail avec son véhicule actuel revient à environ 8 € (coût total de possession). Avec un plus petit modèle électrique (citadine ou berline), il est estimé à 4 €.

Données : Bon Pote

Elisabeth, Loïc et Richard pourraient-ils bénéficier du leasing à 100 € par mois ?

Pour démocratiser l’accès aux véhicules électriques, le gouvernement a lancé le 1er janvier 2024 une offre de leasing, ou de location avec option d’achat, pour les véhicules électriques au tarif avantageux de 100 € par mois. Face au succès de l’offre, elle a été suspendue le 12 février, et devrait être relancée le 1er janvier 2025.

Pour en bénéficier, les foyers devaient remplir plusieurs critères :

  • avoir un revenu fiscal de référence inférieur à 15 400 € par part
  • résider à plus de 15 km de leur lieu de travail ou rouler plus de 8000 km par an pour leur activité professionnelle
  • s’engager pour trois ans de location

Parmi nos trois profils, seul le foyer de Loïc est éligible : il travaille à plus de 15 km de son domicile, et avec un revenu fiscal de référence de 44 000 € et trois parts (1 part par adulte, ½ part par enfant), le revenu par part est de 14 700 €.

Aller plus loin
→ Sur Car Labelling, l’Ademe répertorie les données sur les véhicules neufs en vente (coût d’usage, émissions de CO2, pollution sonore, etc.)
Quelles aides pour l’achat d’un véhicule électrique ?
→ Au Tablier, une expérience d’autopartage en milieu rural
Le télétravail, une solution pour les économies d’énergie ?